Pékin muscle

Le chien aboie, la caravane passe.

Ce refrain, murmuré par les vents du commerce, se glisse dans chaque recoin de notre quotidien, tissant une toile invisible mais omniprésente. Votre lieu de vie, avec ses murs solides et ses fenêtres lumineuses, porte l'empreinte de contrées lointaines, qui semblent chuchoter des histoires de ports éloignés et de conteneurs voyageurs. Les meubles laquais ont traversé des océans pour trouver leur place dans votre salon, votre cuisine, votre chambre. Ambassadeurs silencieux d'une industrie qui ne dort jamais, d'usines où le temps est une denrée précieuse et la productivité l’obligation volontaire du profit qui nous lie au bonheur. Qui sera l’élu ? Pour qui le ticket d’or, la joie ? À qui la loterie ?

La Femme à la balance, autrefois également La Peseuse de perles, ou encore La Peseuse d'or, est une huile sur toile (42,5 × 38 cm) du peintre néerlandais du Siècle d'or Johannes Vermeer, exécutée entre 1662 et 1665, et actuellement conservée à la National Gallery of Art de Washington DC. La Femme à la balance, autrefois également La Peseuse de perles, ou encore La Peseuse d'or, est une huile sur toile (42,5 × 38 cm) du peintre néerlandais du Siècle d'or Johannes Vermeer, exécutée entre 1662 et 1665, et actuellement conservée à la National Gallery of Art de Washington DC.

Presque poétique dans sa simplicité, reflet d'une réalité complexe, l’économie parle de flux financiers, de traités commerciaux, de stratégies, de réussites incarnées et d’échecs minorés. Mais elle parle aussi de nous, consommateurs inconscients, acteurs involontaires de cette grande symphonie mondiale. Elle nous rappelle que, dans ce village global, chaque objet, chaque geste, est le fruit d'une interdépendance qui nous lie tous, inexorablement.

Tout vient de là-bas, du pays des dragons, où la production semble infinie, là où chaque objet naît d’une main anonyme, puis traverse les océans pour aboutir dans votre quotidien.?? Un chow-chow lointain cousin caniche, compagnon fidèle, qui court après une balle, son collier, fabriqués à des milliers de kilomètres. Ses jouets, colorés et bruyants, sont les fruits d'une chaîne de production qui s'étend bien au-delà des frontières. Même ses croquettes fido, soigneusement dosées, sont le résultat d'un savoir-faire exporté, d'ingrédients sourcés aux quatre coins du monde.

Les WC, trône de porcelaine, sont un chef-d'œuvre de design et de fonctionnalité. Mais derrière la blancheur immaculée de service à thé se cache une histoire de matières premières extraites, transformées, assemblées dans des ateliers où le mandarin est la langue des ouvriers. Chaque composant, chaque mécanisme, est un témoignage de l'ingéniosité humaine, mais aussi de la mondialisation qui a fait de la Chine l'atelier du monde.

Et votre caleçon ? Oui, même lui. Ne faites pas l’innocent. Votre caleçon, ce vêtement intime et essentiel, n'échappe pas à la règle. Le coton, doux et résistant, a poussé sous des cieux étrangers. Les machines qui l'ont tissé, teinté, cousu, sont les enfants d'une révolution industrielle qui a trouvé en Chine un terrain fertile. Chaque point, chaque couture, est un hommage à une main-d'œuvre habile, à une logistique implacable et à des hectolitres d’eau gâchée pour une demi-saison de porté.??Dans le tumulte de ce monde où les heures se confondent et les frontières s’effritent, il y a une vérité qui résonne comme un écho froid dans le vent : Tout est chinois. Oui, tout.

Et la maison ? Made in China, bien sûr. Du simple fil électrique à l’air que vous respirez, filtré par des machines venues d’un autre bout du monde. Le canapé où vous vous affalez chaque soir comme une otarie des Kerguelen, les lumières qui scintillent dans le plafond, jusqu’à la petite lampe de chevet, soigneusement assemblée dans une usine où les heures sont longues, mais le prix est bas. Très bas. Si bas que vous n’en revenez pas. Non vous ne rêvez pas. Tout à un prix. Tout est chinois.

TOUT. Tout, absolument tout, est chinois. Et ce n’est pas une simple question de géographie ou de production, mais une réflexion d’une époque, un siècle où les frontières se dissolvent dans les circuits imprimés. Où le moindre objet, le plus intime, le plus banal, porte la signature d’un empire invisible, celui du commerce global.

Peut-être que nous avons oublié ce qu’est la simplicité. Peut-être qu’entre les paquets qui arrivent et les étagères qui se remplissent, nous avons perdu le sens du “faire”. Le vrai faire, celui où chaque geste a du sens, où chaque objet a une histoire qui ne se résume pas à un code-barres et à un prix bas. Peut-être n'avons nous plus vraiment le temps pour penser à ça.

Mais tout est chinois. Et peut-être que cela ne nous fait plus vraiment frémir. Après tout, les lumières de la ville, les écrans qui nous captivent, les rêves que l’on tisse au fil de nos doigts effleurant des touches… tout cela aussi est issu de ce gigantesque entrelacs de chaînes de production, de pouvoir, et de consommation.

Alors, que reste-t-il de tout cela, lorsque tout, jusqu’au plus profond de notre intimité, nous est venu d’ailleurs, d’un monde que nous ne voyons plus que dans le reflet de nos écrans ? Nous sommes devenus les enfants d’un gigantesque marché. Et le monde, ce grand puzzle, s’est assemblé sans que l’on s’en rende vraiment compte.??La mondialisation, telle une toile d’araignée délicatement tissée, relie chaque coin de notre planète d’une manière qui semble inéluctable. Nous avons créé un monde sans frontières, un marché planétaire où les marchandises circulent librement, comme des vagues sur l’océan, franchissant les distances, effaçant les obstacles. Le consommateur moderne, armé de son smartphone, peut acheter un produit en Chine et l’avoir chez lui en quelques jours, comme si la distance n’était plus qu’un mirage et Pékin à Plozévet.

Et il y a là, dans ce flot incessant, une sorte de magie. Des produits accessibles, abordables, venant d’une civilisation millénaire, d’un pays aux mains laborieuses, où tout semble possible. L’élargissement du marché, la création d’un espace global, a permis à des millions de personnes, à travers le monde, d’accéder à des biens de consommation qui, autrefois, étaient réservés à l’élite. Le pouvoir d’achat des masses s’est accru, les inégalités semblaient se réduire, du moins en théorie. La mondialisation offre un rêve universel, celui de l’abondance, un rêve où, grâce à la Chine, tout le monde peut, d’une certaine manière, toucher du doigt l’idée de la richesse.

Mais il y a une autre face de la médaille, une face que l’on préfère souvent ignorer, parce que trop difficile à regarder en face. Derrière l’abondance des biens, derrière les rayons pleins de produits bon marché, il y a des rivières de plastique, des océans de déchets électroniques, des terres dévastées par des cultures intensives et une production à tout-va. La Chine, cette usine du monde, ne produit pas seulement des objets, mais elle consomme aussi la planète, l’engloutit lentement, méthodiquement. La pollution de l'air, des rivières, la déforestation — tout cela est le prix caché que nous payons pour ce luxe de la consommation effrénée.

« L'homme suit la Terre, la Terre suit le Ciel, le Ciel suit le Dao, et le Dao suit sa propre nature. » Lao Tseu. Le Dao (le « chemin » ou la « voie »), un principe fondamental qui régit l'univers et la nature.»

Nos achats, nos choix quotidiens, font partie d’un système global dont les répercussions échappent à notre perception immédiate. Nous consommons, certes, mais à quel prix ? Le consommateur, absorbé dans sa quête de satisfaction instantanée, ne voit pas toujours que chaque article acheté n’est qu’une goutte dans un océan de destruction. Chaque t-shirt bon marché, chaque téléphone dernier cri, est le fruit d’un travail qui pollue, d’une production qui épuise les ressources naturelles de la Terre.

Et c’est là que l’ironie de la mondialisation se révèle : la société nous vend l’illusion de la richesse à travers la consommation. Nous vivons dans l’apparence, dans cette image fabriquée où, grâce à la Chine, nous avons tous l’illusion d’être riches. Mais riches de quoi, au fond ? De biens qui s’useront vite, de produits éphémères, qui, eux aussi, finiront dans une décharge, comme des fantômes de notre époque. Le consommateur, ce pauvre consommateur, si souvent dépeint comme la victime d’un système inique, devient en réalité un acteur qui joue son rôle sans même s’en rendre compte. Le piège ? Il est dans l’idée même de la consommation. Tik tokeur est devenu un métier, le marketing son bras séculier. En ai-je besoin ? Serait-ce utile à mon bonheur ? Et puis qu’est-ce que le bonheur ? L'industrie du maquillage se porte bien.

« L'homme supérieur se nourrit de principes, l'homme inférieur se nourrit de choses matérielles. ». Confucius.

Mais, dans un monde où tout semble fabriqué selon un même modèle, où les désirs sont dictés par des logiques économiques, jusqu’à quel point sommes-nous encore maîtres de notre consommation ? Le consommateur, accablé par les prix élevés des produits locaux ou de qualité supérieure, n’a souvent d’autre choix que de se tourner vers ces biens venus d’ailleurs. Après tout, pourquoi payer plus cher pour un produit qui ne durera pas davantage ? Pourquoi s’obstiner à acheter des objets plus chers, parfois moins bien conçus, quand une offre infinie et accessible s’étend devant lui, à portée de main ? Qui ne s’est pas retrouvé à étudier tous les articles et leurs prix pour les comparer ? Pour ça, nous devons avoir du temps. Parce qu'à la fin du mois, le découvert n'est jamais loin.

Peut-être que, dans cette danse effrénée de la consommation mondiale, le véritable pouvoir est dans la capacité d'acheter moins cher, sans trop réfléchir aux conséquences. L’illusion d’une prospérité partagée, d’un monde où nous avons tous accès à ce qui semble être la richesse, nous fait oublier ce qui se cache derrière la brillance de l’emballage : une réalité plus sombre, où l’authenticité et la durabilité ont été sacrifiées sur l'autel de la rentabilité.

La vérité, c'est que le consommateur, ce fameux « pauvre » que l’on imagine souvent à la merci des grandes multinationales, s’en fiche. Il n’a pas la possibilité d’acheter des produits de qualité, il n’a pas le temps de se poser des questions sur l’éthique de sa consommation. Il consomme parce qu’il doit le faire, parce que c’est la norme, et peut-être aussi parce que cela lui donne un peu de la sensation de pouvoir, de richesse. C’est la Chine qui l’aide à croire qu’il est riche aussi, en lui offrant des objets à bas prix, qui scintillent comme des étoiles d’un ciel devenu trop vaste pour qu’il puisse en voir le contour. Enfin riche, enfin heureux. On peut mourir tranquille. La dopamine aussi vient de Chine

Dans ce monde où tout est chinois, peut-être sommes-nous tous condamnés à vivre une illusion collective, où la consommation devient la seule manière de se sentir vivant, et où la richesse n’est plus qu’une question d’accès à l’objet. Mais qu’en est-il de notre avenir, de cette planète que l’on dévore sans retour ?

Dans les traditions chinoises, il existe aussi l'idée que la diversité fait partie de l’ordre naturel. À travers les siècles, les « Cent écoles de pensée (????, B?iji? zh?ngmíng) » ont mis en évidence l’importance de respecter la multiplicité des voies intellectuelles, philosophiques et spirituelles. Peut-être est-il temps de repenser cette idée de richesse et de consommation.

Parce qu’au fond, tout est chinois. ??Oui, mais à quel prix ? Et à qui la faute, hein ? Aux chinois, sans doute, puisque tout est chinois ! Même ce texte devient chinois. Ma pensée est chinoise et je me sens d’ailleurs de plus en plus chinois. Tellement chinois que ???????...?? ...... ?????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????

Nota bene : Peut-être auriez-vous dû apprendre le chinois. Plutôt que de le singer en hiver…Peut-être auriez-vous pu réfléchir comme il se doit. Avant d'appuyer sur le bouton d'achat. Peut-être n'aviez vous pas vraiment le choix ? Allez, après tout on s'en fout fiche, Taratata ! « ¡Hasta la revolucion siempre! Ya basta ! » Tout ça c'est du chinois…

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